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L’Oeil éclos #35

L’Oeil éclos #35

Gavin TurkHabitat, bronze peint, 2004

« Successful art is that which is most misunderstood by the greatest number of people. » – Gavin Turk[1]

Gavin Turk (1967 -) est un artiste anglais qui vit et travaille à Londres. Il est surtout reconnu pour sa pratique de la sculpture, où il explore diverses techniques et matériaux tels que le bronze, la cire et même des objets du quotidien comme des déchets. Dès ses débuts, Turk a attiré l’attention du monde de l’art. En 1991, le Royal College of Art lui a refusé son diplôme à cause de son installation provocante Cave : un atelier vidé, peint en blanc, orné d’une plaque commémorant sa propre présence dans l’atelier entre 1989 et 1991. Ce geste lui a valu un certain scandale, mais a aussi attiré l’attention du célèbre collectionneur Charles Saatchi, ce qui a porté Turk dans le groupe des Young British Artists (YBA), connus pour leur art polémique et insolant.

À travers ses œuvres, Turk interroge la société contemporaine, et plus particulièrement le monde de l’art. Il recontextualise des objets du quotidien, bouleversant ainsi les notions d’autorité, de signification et l’identité de l’artiste dans l’histoire de l’art. Il questionne le rôle de l’artiste dans une société capitaliste et les valeurs qui lui sont attribuées. Souvent, il détourne et remploie des œuvres d’art très célèbres ; ses travaux entrent en dialogue avec d’autres artistes, comme dans la tradition d’Andy Warhol et Jasper Johns.

Le bronze, un matériau avec une forte connotation historique, joue un rôle clé dans de nombreuses œuvres de Turk. Utilisé depuis la Renaissance pour célébrer des figures de pouvoir et des sujets importants, le bronze est ici subverti : Turk utilise ce matériau aussi prestigieux pour représenter des objets du quotidien, incitant à réfléchir sur les critères qui définissent la valeur d’une œuvre.

Habitat (2004)
Habitat est l’un des exemples les plus frappants de cette démarche. Cette sculpture en bronze représente un sac de couchage, objet ordinaire de l’environnement urbain, associé aux sans-abris. Le titre, « Habitat », évoque généralement l’idée d’un intérieur confortable, mais ici il fait référence à un « foyer » précaire. Ce choix de sujet critique l’individualisme de la société contemporaine, tout en soulignant son indifférence croissante envers les personnes marginalisées.

Avec sa surface apparemment usée et sale et ses formes évoquant un paysage naturel, Habitat semble d’abord doux et réconfortant : pourtant, le trompe d’œil se révèle dans la matérialité inflexible de l’œuvre, rigide et fixe, chaque pli du nylon froissé étant figé dans le bronze.

[1] Monograph, prèmiere monographie de l’artiste, écrit par Iain Sinclair and Judith Collins, 2013, ed. Prestel

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L’oeil éclos #34

L’oeil éclos #34

Seon-Ghi Bahk, Point of View Black Graphite Chair, 2009

 

Seon-Ghi Bahk est un artiste sud-coréen né en 1966 à Sunsan. Diplômé des Beaux-arts de l’université de Séoul en 1994, il part ensuite étudier la sculpture en Italie, à l’université de Brera à Milan. C’est au cours de ce séjour qu’il commence à s’interroger sur la dynamique de la sculpture dans l’espace et la perception que nous pouvons en avoir. Ses œuvres dialoguent avec les lieux d’exposition et invite le visiteur à déambuler autour.

Un autre élément intrinsèque à l’œuvre de Bahk est le charbon de bois. Dans la tradition coréenne, il est utilisé dans des rituels de purification pour éloigner les mauvais esprits ou annoncer la naissance d’un enfant. Dès la fin des années 1980, le charbon devient le matériau de prédilection de l’artiste. Prenant une autre forme de l’existence de l’arbre, entre le vivant et le mort, il symbolise la renaissance, le cycle de vie infini de la nature dont nous faisons partie.

Dans ses sculptures et installations, Bahk met en scène le rapport de l’humain avec la nature. Ses œuvres illustrent, à travers leur légèreté et leur fragilité, les connexions intimes entre le devenir de l’être et le déclin, et symbolisent en somme le caractère cyclique de la vie.

Point of View Black Graphite Chair, de 2009, est emblématique de l’œuvre de Bahk. On y retrouve le graphite, dont la présence est soulignée dans le titre, ainsi qu’un jeu de perspective incitant le visiteur à se déplacer dans l’espace pour contempler la sculpture et trouver le bon angle de vue. Il représente en anamorphose (une image déformée, visible correctement sous un certain angle) un fauteuil sur lequel sont posés des livres, un journal, une paire de lunettes et une tasse, le tout donnant l’impression d’un dessin qui prend vie dans l’espace. Or, il s’agit d’une œuvre sculptée dans la pierre graphite qui, lorsqu’on ne la regarde pas du bon angle, devient un objet bidimensionnel, sans profondeur. Le mobilier est aplati et déformé et il perd non seulement son volume et son poids, mais aussi son confort et sa commodité. Il devient inutile. La familiarité de l’objet banal est tout d’un coup renversée de façon subversive. Bahk nous rappelle « que nous ne voyons que ce que nous regardons – juste une vue d’un objet1 ». Le spectateur doit se déplacer et trouver le bon angle pour voir le fauteuil en trois dimension. Ainsi, comme le résume Choi Tae-Man « deux espaces coexistent dans cette œuvre et se déplacent dans deux dimensions différentes2 ».

La perspective renvoie non seulement à la technique de représentation picturale mais aussi au regard que l’on porte sur une situation. Avec Point of View Black Graphite Chair, l’artiste rappelle que c’est notre perception qui permet de voir les choses, et que la vérité des choses est toujours cachée derrière la substance matérielle, le factice et la banalité. Bahk nous pousse à rediriger notre regard et à varier ainsi notre point de vue dès lors que nous nous positionnons différemment. Il explique : « Jusqu’à présent, mes travaux sur les points de vue ont consisté à montrer l’aspect fictif et la folie de la perspective. […] Les objets malformés que j’ai fabriqués amèneront mieux les gens à voir l’essence des choses3 ».

Notes :

1Seon-Ghi Bahk, « An art work is a result of reconstructing a perfect form. Reconstructions of perfect forms! », dans Seon-Ghi Bahk, 2018, p.36.

2Choi Tae-Man, « Seon-Ghi Bahk’s Three Projects », dans Seon-Ghi Bahk, 2018, p.24.

3Idem.

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Vendredi Lecture – Rouge Kwoma

Vendredi Lecture – Rouge Kwoma

Magali Mélandri et Maxime Rovere (éd.), Rouge Kwoma, peintures mythiques de Nouvelle-Guinée, cat. expo., Paris, Musée du Quai Branly (14 octobre 2008 – 4 janvier 2009), Paris, 2008, 95 pages.

Ce petit ouvrage est le catalogue de l’exposition Rouge Kwoma : peintures mythiques de Nouvelle-Guinée qui a eu lieu au Musée du Quai Branly à la fin de l’année 2008. Sous le commissariat de Magali Mélandri, chargée des collections Océanie au musée, et Maxime Rovere, philosophe, l’exposition présente les œuvres de trois artistes de Papouasie-Nouvelle-Guinée, appartenant à la communauté Kwoma : Raymond Kowspi Marek et ses deux fils, Robin Chiphowka Kowspi et Agatoak Ronny Kowspi.

Le catalogue constitue une très bonne introduction à la culture Kwoma grâce à la présence d’éléments inédits traduits en français, tels que le mythe originel du Wanmai, au cœur de l’exposition avec le titre et la scénographie qui s’en inspirent. Ainsi, l’un des premiers textes du catalogue est celui de Raymond Marek. Le chef séculier du clan Wanyi fait part de sa volonté de préserver sa culture avant de raconter et partager cette histoire. Avoir une retranscription du mythe dans l’ouvrage est très précieux, car c’est un support de conservation de la tradition orale qui permet aussi bien aux chercheurs qu’aux curieux d’en avoir accès. L’œil éclos 33 résume ce mythe au regard d’une peinture d’Agatoak Kowspi.

À la suite de la retranscription du mythe, un court entretien mené par Maxime Rovere avec chacun des trois artistes est lisible. Différents sujets tels que l’origine de leurs œuvres, la nouveauté de travailler sur des supports industriels et les couleurs sont abordés. Ces entretiens constituent également une première documentation pour comprendre l’œuvre des trois artistes, leur processus artistique et les différences dans leurs démarches.

Trois autres textes, un dernier entretien entre Maxime Rovere et Yves le Fur, conservateur du patrimoine au Musée du Quai Branly, ainsi que des chants écrits par Fred Griot, complètent l’ouvrage.

Le texte des deux commissaires, « Faire ensemble : construire le contemporain entre les communautés », revient sur les conditions de l’exposition et explique comment le dialogue avec les artistes a influencé les choix scénographiques. C’était une volonté des trois artistes d’avoir un parcours rappelant le Wanmai, en montrant d’abord les peintures traditionnelles sur pangals, puis une vidéo de cérémonies d’inauguration qui sert de moment initiatique, et enfin les œuvres contemporaines deviennent « les symboles du monde d’en haut ». L’article de Christian Kaufmann, chercheur en art océanien, apporte des informations plus historiques, avec les différentes périodes de l’art Kwoma depuis le XXe siècle, alors que celui de Jean Hubert Martin, commissaire de l’exposition Les Magiciens du Monde, propose un regard subjectif, lié au « Plaisir de voir ».

Un entretien entre Maxime Rovere et Yves le Fur, conservateur du patrimoine au Musée du Quai Branly et membre du comité d’acquisitions du FRAC Picardie en 2002, donne à voir la réception critique des œuvres en France entre 2002 et 2008.

Un texte de Claude Imbert, des chants écrits par Fred Griot, ainsi que des photographies des œuvres et d’autres du Wanmai ou d’une maison des esprits complètent cet ouvrage.

Néanmoins, il aurait été intéressant d’avoir une introduction qui aurait situé le peuple Kwoma ainsi que le début de ce projet d’art contemporain des artistes, informations que l’on retrouve partiellement dans des notes de bas de page.


Robin Chiphowka Kowspi et Agatoak Ronny Kowspi étaient en résidence à Paris, à la Cité Internationale des Arts en février et mars 2024 dans le cadre du programme de résidences internationales de l’Association Françoise pour l’œuvre contemporaine en société en partenariat avec l’Institut Français. Pour prolonger son soutien aux artistes au-delà de leur résidence, la Fondation Francès présente un nouvel accrochage de leurs oeuvres à Senlis. Elle propose une plongée dans l’univers coloré des mythes et récits que les  artistes déploient en peinture et sculpture.
Les œuvres qu’ils ont réalisées pendant leur résidence à la Cité des arts, en février et mars 2024, y sont exposées, comme cette vase faites par Robin.

Exposition ouverte jusqu’au 29 juin à la Fondation Francès, au 27 Rue Saint-Pierre, Senlis.
Entrée libre du mercredi au samedi de 11h à 19h.

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Vendredi lecture – Une histoire mondiale des femmes photographes

Vendredi lecture – Une histoire mondiale des femmes photographes

Édité par l’historienne de la photographie Luce Lebart et la commissaire d’exposition et conservatrice Marie Robert, Une histoire mondiale des femmes photographes présente 300 femmes photographes du monde entier, depuis l’invention du médium jusqu’à nos jours, le tout illustré de 450 images. L’ouvrage met en valeur les photographes et leurs travaux majoritairement peu connus en raison de la longue tradition de l’effacement et de discrédit des femmes dans l’histoire de la photographie.

Pour restituer la diversité des parcours de ces femmes photographes, Luce Lebart et Marie Robert ont invité 160 autrices de différents pays à nourrir cet ouvrage avec des notices d’une page sur les photographes.

 

Le livre s’ouvre avec un texte des deux historiennes qui retrace l’historiographie des études sur les femmes photographes et développe ensuite la méthodologie et le but de l’ouvrage. Une précision importante qu’elles apportent est celle du choix des artistes. Une importance est accordée « aux propositions issues d’autres continents et de ne pas limiter l’ambition de ce livre à des artistes européennes ou américaines dont les œuvres sont désormais plus accessibles ». De la même manière, les deux historiennes affirment le choix de « faire appel uniquement à des plumes féminines », mettant aussi en avant les autrices.

Le texte de Marie Robert, « Une longue tradition de discrédit » trace l’histoire de l’invisibilisation du travail technique et artistique des femmes photographes tout en nommant certaines de ces figures discréditées. 

 

Les 300 notices, chacune occupant une page, sont organisées chronologiquement, permettant ainsi de mettre côte à côte des photographes de différentes aires géographiques. Une photographie, et parfois une citation, complètent les textes. Concises, ces dernières permettent de s’introduire à la pratique de chacune d’entre elles avec une approche biographique. L’ensemble est ponctué de trois portfolios qui « rythment la lecture et favorisent dialogues et confrontations aussi inattendus qu’heuristiques ».

 

Une histoire mondiale des femmes photographes  est un ouvrage manifeste où évoluent art, technique et histoire de ces femmes mais aussi, en filigrane, leurs nombreux combats sociaux. Il ne s’agit pas, néanmoins, d’un livre exhaustif sur la pratique de chacune des ces artistes.

 

Parmis les 300 photographes nous pouvons citer Tina Modotti, à qui le Jeu de Paume rend hommage à travers une grande exposition, la plus importante jamais consacrée à Paris à cette photographe et activiste politique d’origine italienne (visible jusqu’au 12 mai 2024) ; ainsi que Julia Maragaret Cameron, Sally Mann, Susan Meiselas et Dorothea Lange  à qui le Jeu de Paume a consacré des expositions entre 2018 et 2023 ; Claude Cahun qui était exposée au Kunsthal de Rotterdam en été 2022 ; Viviane Maier qui a eu une rétrospective au Musée du Luxembourg en automne 2021, Claudia Andujar dont la plus vaste exposition  a eu lieu à la Fondation Cartier en 2020, Sarah Moon, exposée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris pendant plus de neuf mois entre 2020 et 2021, Carrie Mae Weems exposée jusqu’en avril 2024 au Kunstmuseum Basel, Cindy Sherman qui a été accueilli à la Fondation Louis Vuitton en 2020-2021 et Zanele Muholi dont la première rétrospective en France a eu lieu au MEP en 2023. 

 

Pour approfondir les recherches sur certaines de ses photographes, comme Diane Arbus et Nan Goldin, vous pouvez également trouver dans le centre de documentation : 

  • Elisabeth Sussman et Doon Arbus (éd.), Diane Arbus : une chronologie : 1923-1971, Paris, Jeu de Paume et Édition de la Martinière, 2011.
  • Diane Arbus, Diane Arbus : revelations, cat. expo., SFMOA et Joanthan Cape, 2003.
  •  Diane Arbus, Au commencement, Paris, Édition de la Martinière, 2016.
  • Nan Goldin, The Ballad of Sexual Dependency, 1982-1995, New York, Aperture Foundation, 1986.

 

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L’oeil éclos #33

L’oeil éclos #33

Agatoak Ronny Kowspi, Wanmai, 2003, peinture sur toile contrecollée sur carton, 40,6 x 50,8 cm

Agatoak Ronny Kowspi (né en 1977) est un peintre Kwoma, vivant en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Second fils de Raymond Kowspi Marek, il s’engage avec son père et son frère aîné, Robin Chiphowka Kowspi, dans l’art contemporain au début des années 2000. Avec de l’acrylique sur papier ou sur toile, ils représentent les mythes kwoma. Depuis peu, Agatoak explore des thèmes liés aux changements et défis en cours dans notre société, comme la perte des liens avec la nature.

Dans sa toile Wanmai (2003), il peint le mythe originel du peuple kwoma. Au centre de la composition, remarquable par l’utilisation du vert, se trouve un sanglier qui se nomme Djembiyamos. Un homme, Guayamba, est attaché à sa queue. Kowspi représente le moment culminant du mythe, la traversée du Wanmai, nom du passage entre un monde et un autre, et la découverte par l’homme du monde sur terre. Le sanglier vient de sortir du passage alors que l’homme y est encore.

« Jadis, il y a très longtemps, les hommes vivaient sous terre, et tout ce qu’ils voyaient en regardant en haut était obscur. Ils ne pouvaient pas regarder vers le ciel », explique Raymond Kowspi Marek, le père d’Agatoak.

Guayamba découvre le Wanmai après avoir remarqué que son sanglier revenait les soirs couvert d’une terre rouge inexistante dans leur monde souterrain. Alors, il décide un jour de le suivre. A l’entrée du Wanmai, il s’accroche à la queue de l’animal qui le hisse vers le haut, à la surface de la terre. « Là-haut, poursuit Kowspi Marek, le soleil, la terre, les oiseaux, les arbres : tout était transformé. Tout était devenu clair et lumineux. La couleur de la terre portée par Djembiyamos scintillait sur une île au loin: Kwoaga ».

Avec l’utilisation du vert et du jaune, Agatoak Kowspi transmet les couleurs que découvre Guayamba à sa sortie du passage. Dans l’arrière-plan, l’artiste expérimente une stylisation végétale qu’il imagine être celle de l’époque de ses ancêtres et souhaite créer une expérience visuelle captivante. Pour Agatoak Kowspi, « motifs et personnages sont tous d’un seul tenant ». Le vert qui domine la composition est une couleur nouvelle dans la tradition picturale kwoma. En effet, les Kowspi sont les premiers à expérimenter les couleurs non-naturelles avec l’utilisation de l’acrylique.

Après cette découverte du nouveau monde, l’homme redescend sous terre pour aller chercher les habitants du monde souterrain et tous remontèrent à la surface. Ils construisirent un village et la première maison cérémonielle, Weinbongur. Rapidement, l’île devient trop petite, les hommes traversent alors le fleuve.

Les hommes restés sur place s’appellent aujourd’hui les Nukuma, les hommes du fleuve. Les autres, qui partirent en quête d’autres terres, grimpèrent les montagnes Washnuk. C’est de là que vient le nom Kwoma – de kwo, les / collines, et Ma, les hommes.

« Telle est l’histoire dont est issu le peuple Kwoma ».

Agatoak et son frère Robin sont actuellement en résidence à Paris, à la Cité Internationale des Arts dans le cadre du programme de résidences internationales de l’Association Françoise pour l’œuvre contemporaine en société. À cette occasion, les deux artistes, ainsi que leur père, sont exposés à la Fondation Francès pour deux expositions-événements, à Senlis et à Clichy.

Cette peinture est visible à la Fondation Francès, à Clichy, au 21 rue Georges Boisseau, du 1er au 14 mars 2024.
Ouverture en présence des artistes le samedi 2 et dimanche 3 mars !
Visite sur réservation : en cliquant ici.

L’exposition de Senlis est ouverte du 23 février 2024 et jusqu’au 24 mars, au 27 Rue Saint-Pierre.
Entrée libre du mercredi au samedi de 11h à 19h.

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L’oeil éclos #32

L’oeil éclos #32

Robin Chiphowka Kowspi, Sans titre (Kumurr), 2004, acrylique sur papier, 63,5×51 cm

Robin Chiphowka Kowspi (né en 1974) est un peintre Kwoma, vivant en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Fils aîné de Raymond Kowspi Marek, chef séculier, Robin s’engage avec son père et son frère cadet, Agatoak Ronny Kowspi, dans l’art contemporain au début des années 2000. Avec de l’acrylique sur papier ou sur toile, chacun représente à sa manière les mythes kwoma et les réactualise.

Dans ce dessin sans-titre datant de 2004, Robin représente une scène issue du mythe Kumurr. Kumurr est l’esprit-mère des sangliers, reconnaissable à ses oreilles coupées. C’est elle que l’on voit peinte en train de porter une maison.
Un jour, lors d’une promenade, elle rencontre deux adolescents, frère et sœur. Les deux enfants avaient été abandonnés par leur père et vivent seuls depuis. L’esprit-mère, inquiète pour les enfants, veut les prendre sous son aile et offre alors aux deux jeunes de s’installer dans son village. Le frère et la sœur refusent mais proposent à la place qu’elle vienne leur rendre visite de temps en temps, ce que Kumurr accepte.
Mais la nuit même, elle va retrouver les enfants avec les sangliers de son village pour les faire venir discrètement dans son village. Pour cela Kumurr porte la maison du frère et de la sœur tandis que les sangliers déménagent et recréèrent l’environnement autour de la maison des jeunes au sein de leur village.

C’est ce moment que Robin a décidé de représenter. On voit Kumurr soulever la maison et la terre dans laquelle elle est enracinée. Autour, notamment sur la partie supérieure, il est possible de discerner des masques aux couleurs vives, rappelant que Kumurr est un esprit. Initiant son processus créatif par des dessins au crayon, Robin équilibre ensuite les couleurs, les mélangeant souvent de manière ingénieuse. Il réalise ses peintures en imaginant les couleurs du passé qui illustrent l’environnement et les personnages des mythes.

Robin et son frère Agatoak sont actuellement en résidence à Paris, à la Cité Internationale des Arts dans le cadre du programme de résidences internationales de l’Association Françoise pour l’œuvre contemporaine en société. À cette occasion, les deux artistes, ainsi que leur père, sont exposés à la Fondation Francès pour deux expositions-événements, à Senlis et à Clichy.

Cette peinture est visible dans l’exposition de Senlis, ouverte à partir du 23 février 2024 et jusqu’au 24 mars, au 27 Rue Saint-Pierre. Entrée libre du mercredi au samedi de 11h à 19h.

Celle de Clichy ouvre du 1er mars au 14 mars, au 21 rue Georges Boisseau. Ouverture en présence des artistes le samedi 2 et dimanche 3 mars ! Visite sur réservation : en cliquant ici. 

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L’œil éclos #31

L’œil éclos #31

Banksy, Ballerina with Action Man parts, 2005. Résine peinte ; 31 x 20 x 18 cm. Collection Francès

 

Pauline, en stage à la Fondation Francès, nous offre son regard sur une œuvre de la collection Francès.

 

« Vivre, c’est danser, j’aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d’une danse ou d’un refrain » citation du livre Joséphine Baker par Bocquet publié par SelfMadeHero en 2017.

 

Cette œuvre est une statue de taille constituée de résine peinte en monochrome se rapprochant d’un gris anthracite ce qui donne un caractère froid et dur à l’œuvre.

Elle représente et modélise un graffiti de l’artiste Banksy à ce jour encore anonyme.

Nous y retrouvons l’iconographie de la danseuse.

Elle est notamment présente chez certains autres artistes précédents Banksy, comme notamment Degas ou encore Toulouse-Lautrec.

Pour Degas, la petite danseuse s’apparente à un petit rat de l’opéra, et elle porte notamment comme symbole la survie et de ce travail difficile, même si les époques diffèrent, elle conserve en partie ce symbole.

Ici, Banksy nous montre donc une jeune fille, danseuse tirant une légère révérence. Son visage dénote, en effet ce dernier reprend les traits du jouet aux allures militaire « action man » ce qui donnera à l’œuvre son nom : « Ballerina with an Action Man Parts »

Son visage met donc en relief la critique de la place de l’humain, mais aussi des jouets dans la société. Cela n’est pas le seul élément rapporté d’un autre univers que la danse. La danseuse porte aussi un masque relié à ce qui pourrait être une bouteille d’oxygène. Rappelant d’une part, le côté militaire du jouet, mais aussi son côté polluant par sa fabrication, mais aussi sa consommation. La pollution peut être une des lectures du sujet abordé, ici.

Nous pouvons supposer que Banksy nous met en garde ou nous propose de voir un avenir plus ou moins dystopique. Où une danseuse sera marquée sur le visage comme un militaire, jetable comme un jouet. Mais qui devrait aussi respirer à travers des bouteilles d’oxygène et dansé parmi les barils gisant sur le sol.

Notons aussi que le mouvement capturé est une révérence, le dernier d’une danse et donc peut être une mise en parallèle avec la destruction de la nature.

Malgré cela, à ses pieds, nous pouvons distinguer une fleur difficile à identifier qui pourrait être le signe du reste de cette destruction, ou un signe d’espoir.

 

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L’oeil éclos #30

L’oeil éclos #30

    Phumzile Khanyile est une jeune femme photographe née en Afrique du Sud et travaillant à Johannesburg. Elle est diplômée du Market Photo Workshop et reçoit le 2015 Gisèle Wulfsohn Mentorship in Photography. Cette récompense lui permettra d’entreprendre un corpus d’images sous la supervision de la photographe Ayana V. Jackson. Ayana est une artiste qui puise dans des archives et qui s’en inspire pour observer quel impact a eu le regard colonial sur l’histoire de la photographie et sa relation au corps humain comme Phumzile Khanyile. Elle réalise des recherches sur les mythes de la diaspora noire et remet en scène des images d’archives coloniales dans le but de libérer le corps noir. Elle fait donc un lien parfait entre le thème de l’exposition Afrotopia et les sujets abordés par Phumzile Khanyile. En mai 2017, Phumzile Khanyile répond à un appel à candidature lui permettant de participer à la 11ème édition de l’exposition panafricaine Afrotopia. Cet appel à reçu 300 candidatures d’artistes, et seulement 40 propositions ont été retenues, dont celle de Phumzile Khanyile. Cette exposition portée par l’Institut Français est dédiée aux 54 États du continent africain. Son objectif est de présenter les points de vue de la société civile africaine du continent et de sa diaspora récente. C’est alors qu’elle réalise sa première exposition, et depuis cette jeune artiste a été largement présentée dans la presse comme dans The Financial Times, Aperture, The British Journal of Photography…

      En 2016, Phumzile Khanyile commence sa série d’autoportraits, Plastic Crowns. Celui-ci contient une narration forte, exprimée par un langage visuel qui l’est tout autant. Le travail de cette photographe explore les différents aspects de la vie des femmes à travers des évocations de ses propres expériences, brisant les tabous sociaux. En effet, son exploration explicite de la politique sexuelle par ses postures et ses tenues transmettent une volonté de révolte contre des stéréotypes encore trop présent aujourd’hui. Les clichés qu’elle met en avant concernent la place de la femme dans notre société.  Khanyile fait peu de différences entre sa vie privée et son métier. Par ailleurs, c’est dans l’appartement de sa grand-mère qu’elle réalise tous ses photographies. Seulement, elle aime réaliser ces images avec un certain esthétique. Effectivement, ce dernier est caractérisé par des ombres dures, des mises au point douces et des textures luxuriantes. Ces impressions sont données par le voile qu’elle place devant son objectif lors de ses prises de vue. En raison de ces nombreuses particularités, la photographe arrive à nous transmettre une émotion et un message puissant. Pour l’artiste ce tirage est une façon de comprendre par elle-même ce qu’est la féminité, au-delà des idées préconçues qu’elle a pu retenir de sa jeunesse.

     Maintenant intéressons-nous à ce que ces œuvres peuvent nous faire ressentir aux premiers abords. En effet, malgré la douceur que ces images arrivent à nous faire parvenir, elles sont plus dures qu’on ne les perçoit. Phumzile aime jouer avec les couleurs et les stéréotypes, avec l’aide de ballons de baudruches ou encore de sa perruque rouge, mais aussi des éléments de décors, des robes et une couronne, qui contient des pierres colorées. Elle joue avec des postures auxquels elle ajoute des accessoires qui caricaturent les stéréotypes à propos du corps de la femme.

   Dans certaines de ses œuvres qui appartiennent à la même série nous pouvons parfaitement observer les différentes envies de l’artiste. En effet, sur ces photographies nous observons trois éléments typiques de ses approches, que sont la posture choisie, les accessoires et les éléments de décors (ballons de baudruches, tête de lion, couronne, perruque rouge, nuisette, papier peint, chapeau), ou encore les jeux de couleurs. 

   Seulement, dans deux d’entre elles, ces ballons sont placés au niveau de sa poitrine ou de ses parties intimes, éléments de différenciation de sexes à la naissance, et qui, pour elle, lui permettent d’exprimer sa féminité.

 

Visuels : Phumzile Khanyile, Série « Plastic Crowns », 2016. Tirage photographique. Collection Francès

 

SOURCES :

https://www.afronova.com/artists/phumzile-khanyile-2/

https://www.fondationfrances.com/artistes/phumzile-khanyile/ 

https://arles-contemporain.com/plastic-crowns/

https://www.rencontres-arles.com/en/phumzile-khanyile

https://contemporaryand.com/fr/magazines/11th-edition-of-the-rencontres-de-bamako-announced-participating-artists/

https://contemporaryand.com/fr/exhibition/afrotopia/

https://contemporaryand.com/fr/institue/market-photo-workshop/

https://marketphotoworkshop.co.za/projects/mentorships-residencies/gisele-wulfsohn/

https://marianeibrahim.com/fr/artists/27-ayana-v.-jackson/biography/

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L’oeil éclos #29

L’oeil éclos #29

Osvaldo Gonzalez, Tautologia, 2017, adhesive tape, Plexiglas, led light, 65 x 55 cm ©Collection Francès – Galeria Continua

           Tout au long de l’année 2023, la Fondation d’entreprise Francès propose un cycle d’expositions, nommé « Hors d’œuvre ».

 Ce cycle permet de mettre en lumière une sélection d’œuvres issues de la collection Francès, « Hors d’œuvre » est une ouverture sur la collection. En effet, à chaque exposition un thème précis est abordé. Toutes les œuvres qui sont exposées pendant un même volet développent des notions et des réflexions communes. L’œuvre Tautologia d’Osvaldo Gonzalez, quant à elle, concerne le troisième présentation d’Hors d’œuvre. Le thème de celui-ci est d’explorer les espaces transitoires menacés par leur disparition. Cette exposition a mis en scène trois artistes : Osvaldo Gonzalez, Alejandro Campins et Loris Gréaud. Ce « Hors d’œuvre n°3» présente de multiples facettes puisque les techniques utilisées sont très variées, de la photographie à la peinture, en passant par la résine moulée ou encore du scotch sur plexiglass. Par exemple, Tautologia est une installation réalisée à l’aide de plexiglass et de scotch représentant un escalier et une fenêtre. Nous pouvons donc nous demander ce que l’artiste cherche à mettre en avant. Pour cela nous allons tout d’abord parler de son parcours et de l’œuvre, sans oublier la raison de sa présence dans « Hors d’œuvre n°3 ».

         Osvaldo Gonzalez est né en 1982 à Camagüey à Cuba. Il vit et travaille à La Havane. Après ses études à l’institut supérieur des Arts, Osvaldo pratiquait exclusivement la peinture à huile sur toiles. Seulement, un jour il eut la ferme conviction qu’il devait chercher une alternative plus accessible et familière et moins onéreuse : le scotch. Cette idée l’ayant immédiatement conquis il décide de réaliser ses œuvres avec du plexiglass et ce matériau peu habituel en tant que matière à créer. Néanmoins, il conserve sa technique historique, la peinture à l’huile. Malheureusement, les propriétés du scotch ne permettent pas de le conserver facilement, son usage est spécifique et habituellement lié à l’emballage d’une œuvre mais pas à la création de celle-ci. Le scotch doit être conservé dans un endroit sombre et sec, à l’abri de l’humidité et des UV, et à température ambiante. Toutes ces caractéristiques font qu’il est difficile de conserver une œuvre entièrement réalisée avec du scotch.

De plus, pour obtenir un jeu d’ombres et lumières, l’artiste a placé une ampoule derrière le panneau de plexiglass. Il a choisi une ampoule LED dont les propriétés permettent d’obtenir le minimum de source de chaleur.En tant qu’architecte d’intérieur, Osvaldo aime représenter des espaces intérieurs ou extérieurs. L’expérimentation de l’espace est un thème récurrent chez Osvaldo.

En 2011, à l’occasion d’une année sabbatique dédiée à sa production artistique, il décide de travailler avec un éclairagiste à Cuba. C’est à partir de ce moment-là qu’il commence ses recherches autour de la lumière et ses créations révèlent alors un important jeu d’ombres et de clairs-obscurs. Dans plusieurs de ses œuvres, Osvaldo représente des fenêtres, comme dans 2.Templo, 2021, Photo : Ela Bialkowska, OKNO Studio et 3.Habana Vieja, 2021, Photo : Ela Bialkowska, OKNO Studio

 

 

 

 

 

 

 

Le sujet de l’exposition « Hors d’œuvre n°3 » est d’explorer des espaces transitoires menacés par leur disparition. Dans toutes les œuvres choisies pour représenter ce thème, nous pouvons remarquer une architecture laissée à l’abandon ou alors pour l’œuvre de Loris Gréaud, le fossile d’une destruction programmée. Maintenant essayons d’analyser l’œuvre et de penser plutôt à notre ressenti face à cette fenêtre, cet escalier et cette lumière. Par exemple, j’aime le fait que cette installation ait deux visages. En effet, la perception de l’œuvre est différente selon qu’elle soit ou pas éclairée. Sans l’éclairage, on tente de percevoir quelque chose, mais en vain, sauf si la lumière du jour ou le soleil décident de déjouer cette obscurité et nous laissent entrevoir les différents éléments de cet espace. Cette fenêtre et cet escalier donne une envie de s’évader. La fenêtre et son puits de lumière nous donne envie de voir ce qu’il se passe au dehors, de sortir de ce lieu. Tandis que les escaliers peuvent nous donner une image assez triste par son vide immense. En effet, on ne voit aucun passage sur cet escalier ce qui nous donne l’image d’abandon, d’oubli, alors qu’il semble y avoir de la vie à l’extérieur étant donnée cette lumière vive. Elle anime l’installation par ses jeux d’ombres, offre des perspectives, une profondeur et un jeu visuel ludique et esthétique, grâce à l’emplacement de la source lumineuse, choisi stratégiquement par l’artiste.

  1. Osvaldo Gonzalez, Templo, 2021, 16 panels: adhesive tape, Plexiglas, led light, resine, 100 x 80 cm each. Overall dimensions: 409 x 329 cm. Photo: Ela Bialkowska, OKNO Studio ©Galeria Continua
  2. Osvaldo Gonzalez, Habana Vieja, 2021, adhesive tape, Plexiglas, led light, resine, 220 x 147 cm. Photo: Ela Bialkowska, OKNO Studio  ©Galeria Continua

SOURCES:

https://www.fondationfrances.com/fondation-frances/ff_uploads/2023/06/communique-de-presse-hors-doeuvre-n3.pdf

https://www.stirworld.com/see-features-cuban-artist-osvaldo-gonzalez-aguiar-presents-new-work-at-india-art-fair-2023

https://www.galleriacontinua.com/artists/osvaldo-gonzalez-100

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Retour sur l’exposition : « Le temps d’un souffle »

Retour sur l’exposition : « Le temps d’un souffle »

Du 4 février au 25 mars 2023 s’est tenue une étonnante exposition. Intitulée « Le temps d’un souffle », le couple d’artistes Cat Loray et Clément Borderie ont présenté leurs œuvres dans l’église Notre-Dame de l’Assomption de Valloire. Une grande bâtisse baroque du XVIIème siècle. La singularité des œuvres vient s’implanter presque se confondre dans les murs, dans la nef, dans les hauteurs de l’église. Un challenge stimulant pour les artistes qui ont dû s’approprier un endroit peu commun.

Cat Loray a pu installer son Virga comme une pluie statique sous la chaire à prêcher, ou encore ses cloches suspendues qui viennent retracer la voûte centrale. Nous y retrouvons d’autres de ses sculptures, parfois discrètes comme un jeu de piste ou parfois déroutantes comme l’étonnante suspension dans le confessionnal. De son côté Clément Borderie vient investir les murs d’une nature imprégnée dans la toile, avec sa « Cuve » circulaire comme une lune immobile, ou encore sa série « Sinusoïde » qui tout le long de ce mur invite à la contemplation. Également, nous retrouvons une de ses pierre de sel, posée religieusement sur l’autel, venant honorer le rapport de l’art à l’artisanat, un geste fort.

Cette exposition s’est avérée ludique et intrigante, proposant  aux visiteurs une expérience artistique nouvelle par la confrontation de plusieurs mondes.

 

Retour sur les artistes :

Cat Loray :  Née en 1962 à Nice, Cat Loray vit et travaille à Paris. Elle est diplômée des Beaux-arts de Marseille et des Arts décoratifs de Nice.

Sa pratique artistique repose sur l’observation du monde qui nous entoure. Intimement liées aux mondes sensible et organique, ses réalisations touchent autant à la sculpture qu’à l’installation, au dessin qu’à la peinture, et invitent celui qui en fait l’expérience à une immersion presque sensorielle. L’artiste considère ces moyens d’expression artistique de manière indissociable, dans une logique d’effacement des frontières.

Elle retranscrit des sensations et des perceptions dans une volonté de transmission de l’essentiel. Ses formes plastiques à la jonction entre pureté et minimalisme, planéité et profondeur, accordent à l’espace un rôle primordial. La mise en place de ses œuvres dans l’espace d’exposition constitue un moment charnière de son processus artistique, qui vient insuffler une impulsion vitale à ses pièces.

 

Clément Borderie : né en 1960 à Senlis (France). Il est diplômé des Manufactures Nationales des Gobelins National Paris en 1983. Il vit et travaille à Paris et il est aujourd’hui représenté par la galerie Jousse Entreprise.

À la croisée de la sculpture et de la peinture, les installations de Clément Borderie explorent les  « échanges entre une forme et son environnement à travers le temps. » Cultivant une mise à distance, l’artiste met en place des dispositifs voués à capturer l’essence d’un lieu et à en traduire « l’identité spatio-temporelle ». Dans la nature, en milieu urbain ou industriel, il installe des « matrices », des structures métalliques de formes et de tailles variées, sur lesquelles il tend des toiles, des « pièges » captant les « matières sensibles » et phénomènes naturels. S’en suit une période de gestation, pendant laquelle la toile est progressivement recouverte de couches successives de microparticules donnant, à terme, corps au temps. Régie par le principe du « laisser-faire », le dispositif mis en place par Borderie rend visible l’invisible. Il en résulte des œuvres brouillant les frontières entre objet et sujet, des tableaux empreints de « l’écriture mystérieuse de la nature » (Valérie Gautier).

Son travail a été présenté à la Galerie Dumonteil, Shanghai, Chine; Gallerie Alberto Aquilino à New York; Musée Kiscelli à Budapest; Galerie Valérie Bach à Bruxelles; Musée de l’arbre Enea à Zurich; Centre d’Art La Base à Levallois-Perret, France; Château du Rivau en Touraine et Maison des Arts de Bagneux etc.

 

 

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