L’ŒIL Magazine (numéro #741) a publié dans son dernier numéro, un article mettant en lumière le regain d’intérêt pour la peinture des nouvelles générations d’artistes. Un sujet plutôt vaste qui permet de comprendre que le médium de la peinture traverse le temps, tout en restant ancré dans l’histoire de l’art occidentale. À l’occasion de cette réflexion la Fabrique de l’Esprit, se questionne elle-même face à la place de la peinture dans la collection Francès.
« Trop peu de peintres trouvent aujourd’hui la reconnaissance muséale qui leur est due »
– Daniel Templon
Depuis les années 1990, en France, une vision unique des médiums de l’art contemporain s’est forgée par des réseaux de galeries, des centres d’art, des puissants collectionneurs privés, et enfin par les musées. Les installations, la photographie, les performances et les vidéos étaient les nouvelles normes de l’art contemporain. À en oublier la peinture et ses peintres. Beaucoup d’artistes comme Robert Combas ou Hervé Di Rosa ont été oubliés : « une mise au ban ». Pourtant, aujourd’hui, la peinture réinvestit la scène institutionnelle française. Notamment par la grande rétrospective de l’artiste Gérard Garouste en septembre 2022 à Beaubourg.
Le plus difficile pour un artiste c’est de durer. La peinture est une « surface agissante faite de couleurs, de matières, de fonds et de formes, qui puisse offrir au regard des sensations et des émotions ». Des échanges nombreux sont créés lors de nouvelles expositions mêlant le travail des aînés et celui des jeunes. Ainsi une peinture se regarde à l’infini et s’interroge constamment notamment à travers ses échanges qui participent au renouvellement fécond de la peinture contemporaine.
Alejandro Campins, Circo (Série Letargo), 2019, pièce unique, huile sur toile, 38 x 55 cm, © collection Francès
La peinture est un médium qui pâtit de la négligence des institutions publiques parisiennes durant de longues années, se souciant à la diversité des publics et à l’innovation permanente. Mais il reste important sur le marché de l’art et auprès des collectionneurs.
Ainsi la collection Francès, par ses nouvelles acquisitions, montre cet attachement au médium de la peinture. La nouvelle acquisition des toiles de Sergey Kononov, Meow et Le Sommeil, illustre cette passion pour la peinture pour le jeune artiste ukrainien de 27 ans. Une peinture qui interpelle ses regardeurs que l’on retrouve aussi auprès des œuvres de son aîné, Alejandro Campins par sa série Letargo. L’artiste explore la notion d’intemporalité dans les paysages qu’il crée, enfermant une ambiguïté temporelle.
Aujourd’hui en posant un regard sur la collection dans une volonté d’avoir une vue d’ensemble, nous découvrons que la peinture est présente à 30% au sein de la collection Francès. Autour du thème de l’excès de l’homme nous retrouvons des artistes de nationalité différentes, comme : Lynette Yiadom-Boakye, Hans Peter Feldman, Oda Jaune, Jean Rustin, Yan Pei-Ming, Michael Kvium ou encore Tony Bevan, Nous retrouvons aussi la photographie, à hauteur de 35 % dans la collection représentée par Andres Serrano, Richard Avedon, Diane Arbus, Marck Cohen et bien d’autres. Puis la sculpture et les installations, avec les artistes Berlinde de Bruyckere, Tracey Emin ou encore Kader Attia. Le dessin est aussi un médium présent au sein de la collection (10%), notamment avec les œuvres de Stéphane Sautour, Sam Francis, Mircea Suciu ou encore Eric Manigaud. Enfin, la performance et la vidéo ne représentent qu’1% de la collection Francès avec une palette d’artistes internationaux comme Regina José Galindo ou plus émergents comme Justine Pluvinage.
Dans le cadre de dispositifs scolaires spécifiques, la Fabrique de l’Esprit valorise ces peintures auprès des plus jeunes, notamment à travers le thème de « L’impact de la couleur sur le regardeur ». Un moment d’échange et de réflexions entre lycéens et intervenantes autour de peintures et de la signification de leurs couleurs.
Image à la une : Sergey Kononov, Le Sommeil, huile sur toile, 2017, © collection Francès