Découverte littéraire #3

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit, vous invite cette semaine à découvrir une bande-dessinée du centre de documentation.

 

Luz, Catharsis, BD Futuropolis, 128 p.

Le 7 janvier 2015, le jour de son anniversaire, la vie de Renald Luzier – dit Luz – a basculé. Ce jour là, alors qu’il devait se rendre à une conférence de rédaction au siège de Charlie Hebdo, il profite de sa matinée et prend du retard. C’est ce qui lui sauve la vie, car il échappe ainsi à l’attentat meurtrier dans lequel ont péri plusieurs de ses collègues, qui eux n’ont pas eu la même chance que lui.

“ Un jour, le dessin m’a quitté.
Le même jour qu’une poignée d’amis chers. À la seule différence qu’il est revenu, lui. 

Dans Catharsis, Luz renoue avec le dessin et libère ses craintes, les pose sur le papier pour nous les exposer. Peu de couleurs, un univers parfois sombre et d’autres fois bien gai, on peut petit à petit découvrir qui il est, par le biais de ses souvenirs, ses rêves et cauchemars. On le suit dans une aventure désorganisée, avant ou après l’attentat, en partageant l’histoire d’un homme traumatisé, et ce à quoi il essaie de se raccrocher.

Les dessins sont pour la plupart sombres, mais fins. L’espace laissé au vide est important, facilitant la lecture. Quelques touches de rouge ou de bleu sont disséminées dans les planches, donnant plus de force à certaines images.
L’ensemble peut paraître minimaliste, mais on sent une technique très travaillée, et les émotions transmises par plusieurs courtes histoires sont tout de même très fortes.
L’artiste pendant sa déposition au commissariat, des terroristes qui dansent dans la rue, une séance chez le psy… Tout se mélange et s’assemble, et comme l’indique le titre, les émotions de l’artiste sont extériorisées pour un effet thérapeuthique, en quelque sorte.

C’est troublée, que j’ai tourné la dernière page et refermé cette bande dessinée bien particulière, qui ne tend pas au rire. Certaines scènes sont plutôt comiques, mais beaucoup sont dures, et il ne faut pas oublier que le contexte de ces dessins est sombre, triste, issus du traumatisme d’un homme qui a échappé à la mort.

Imprimer